ghetto [geto] 

nom masculin

(mot it. désignant, au début du XVIe s., le quartier juif de Venise)

  1. Quartier habité par des communautés juives ou, autref., réservé aux Juifs : Le ghetto de Varsovie.
  2. Lieu où une minorité vit séparée du reste de la société : Harlem, le ghetto noir de New York.
  3. Milieu refermé sur lui-même ; condition marginale : Ghetto culturel.

C'est d'abord pour sauvegarder leur identité que, dans l'Antiquité, les communautés juives de la diaspora se sont d'elles-mêmes isolées au sein des cités. Mais, avec le triomphe du christianisme, cet isolement devient une ségrégation imposée. Celle-ci est édictée aussi bien par les empereurs byzantins qu'en Occident, où l'interdiction faite aux chrétiens de vivre parmi les Juifs renforce la réclusion de ceux-ci.

Du Moyen Âge à la Révolution.

Paris, au XIIIe s., compte quatre juiveries bien délimitées. En Espagne, les juderías jouissent d'abord d'un régime privilégié, puis deviennent des quartiers que l'Inquisition peut facilement surveiller. À la fin du Moyen Âge, les Juifs sont refoulés en grand nombre en Europe orientale, où ils se maintiennent à la faveur du morcellement politique. En Avignon sont construits des quartiers où vivent les « Juifs du pape ». À Venise, où, comme dans les autres villes d'Italie, ils participaient librement à la vie économique, ils sont tous tenus, à partir de 1516, de vivre dans le ghetto. La Révolution française, avec le décret d'émancipation des Juifs, contribue puissamment à la transformation des ghettos européens.

Sous l'antisémitisme hitlérien.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les nazis parquent les Juifs dans leurs quartiers d'habitation, coupés de tout contact avec l'extérieur, transformés en camps de travail et peu à peu vidés par l'évacuation de leurs habitants vers les camps d'extermination. C'est dans ce contexte que le ghetto de Varsovie, réduit de 500 000 à 40 000 résidents, sombra dans sa révolte héroïque d'avril-mai 1943.