nom féminin (pluriel franc-maçonneries)
Ni Église ni secte, s'apparentant plus à une institution philosophique qu'à un mouvement de religiosité ésotérique, la franc-maçonnerie contemporaine, dite spéculative, se présente comme l'héritière de la franc-maçonnerie opérative, dont les membres étaient au Moyen Âge des professionnels du « franc-mestier », architectes et bâtisseurs des édifices religieux et civils. À partir du XVIe s. et d'abord en Angleterre, ces associations accueillirent des membres étrangers à l'art de bâtir et appartenant à la noblesse, au clergé ou à la bourgeoisie. Ainsi les loges, ou groupes de maçons, s'attachèrent-elles désormais à interpréter, selon des perspectives philosophique et scientifique ou morale et spirituelle, les rites et symboles de la maçonnerie traditionnelle. C'est dans cet esprit « spéculatif » qu'à Londres, en 1723, une « Grande Loge » se donne un code, les Constitutions, publiées par James Anderson (1662-1728). Celles-ci demeurent la charte de la franc-maçonnerie universelle et ont pour principes la croyance en Dieu, la pratique stricte de la morale, le respect des pouvoirs civils légitimes, mais aussi la liberté en matière de confession religieuse.
En France, la maçonnerie, introduite vers 1725 par des émigrés britanniques, se présente d'abord comme une version nettement chrétienne des Constitutions d'Anderson, puis, à la suite d'une scission, elle prend une forme nouvelle avec la création, en 1773, du Grand Orient. Cette dernière obédience en viendra peu à peu à abandonner la voie symbolique pour l'agnosticisme et à se préoccuper d'avoir une influence politique : en 1877, elle supprime de ses Constitutions la mention du Grand Architecte de l'Univers et, sous la IIIe République, elle se trouve à la pointe de l'anticléricalisme. À côté du Grand Orient, il existe en France une autre obédience maçonnique, la Grande Loge nationale, restée traditionnelle et reconnue par la Grande Loge d'Angleterre. À partir du XVIIIe s., la franc-maçonnerie s'implante dans d'autres pays d'Europe, contribuant à l'expansion de l'esprit des Lumières.