danse [dɑ̃s] 

nom féminin

(de danser)

  1. Action de danser ; ensemble de mouvements du corps génér. rythmés par la musique et obéissant à des règles : Le rock est une danse moderne.
  2. Musique écrite sur un rythme de danse : Les Suites de J.-S. Bach comportent des danses.
  3. Danse classique → classique.

    Danse de Saint-Guy, nom fam. de la chorée, syndrome neurologique caractérisé par des mouvements brusques, saccadés et involontaires, évoquant une danse, et commun à plusieurs affections aiguës ou chroniques dominées par ce syndrome ; au fig. fait de bouger sans cesse, d'être agité : Avoir la danse de Saint-Guy (= la bougeotte).

    Entrer dans la danse, participer à l'action.

Nature et fonction de la danse.

La danse est un phénomène universel et multiple. Pourtant, si les individus dansent depuis les temps les plus reculés, ils ne le font ni de façon identique, ni nécessairement dans le même but. Rituelle, la danse peut être associée à une cérémonie magique ou religieuse. Souvent langage des dieux eux-mêmes, elle possède un caractère sacré dans de nombreuses civilisations, en Asie notamment. Traduction spontanée de la joie, elle est aussi un divertissement, collectif ou individuel, étroitement lié à l'idée de fête, à la cour comme dans les campagnes. Depuis l'Antiquité, les danses récréatives ont trouvé à se manifester et à se renouveler sans cesse dans le cadre du bal, plus ou moins institutionnel selon les époques. La danse peut être également spectacle, à caractère sacré ou profane. Destinées à être regardées par un public, les danses spectaculaires atteignent dans certaines cultures un haut degré de perfection. Ainsi, obéissant à des règles strictes et à une technique savante, les danses asiatiques sont le fruit d'une tradition codifiée plus que millénaire, la danse classique occidentale celui d'une histoire et d'une évolution vieilles de trois siècles.

Évolution de la technique académique.

Au XVIIe s., prenant le relais des Italiens qui, durant la Renaissance, ont créé une technique déjà élaborée, les maîtres à danser français permettent l'éclosion de la « belle danse ». Née à la cour, synonyme de grâce et d'harmonie, elle règne alors au bal comme à la scène. La fondation de l'Académie royale de danse par Louis XIV (1661) favorise l'énorme travail de réflexion qui, à l'aube du XVIIIe s., aboutit notamment à la définition des termes et du contenu des pas et à l'établissement de règles de composition (Beauchamp, Feuillet). Devenue l'affaire des seuls interprètes professionnels attachés à un théâtre, la danse française ainsi que son vocabulaire se diffusent dans toute l'Europe tandis que les maîtres français sont appelés à créer des écoles à l'étranger. Dans les années 1820, un important bouleversement se produit avec l'apparition des pointes, qui offrent de nouvelles possibilités pour la danseuse. Leur utilisation systématique amène, à la fin du XIXe s., à transformer la fonction du danseur, particulièrement dans le pas de deux où il devient soutien et porteur de la ballerine. La suprématie de l'école française est battue en brèche dès les années 1820, d'abord par l'école milanaise (Blasis), puis à la fin du siècle par celle de Saint-Pétersbourg (Petipa). Chacune de ces écoles se singularise par des qualités et un style particuliers, la dernière mettant à profit l'héritage français (netteté et moelleux), qu'elle enrichit des apports italiens (rapidité et brio) auxquels vient s'adjoindre le lyrisme slave. Dans les années 1930, la réforme néoclassique (Balanchine, Lifar) se traduit par un élargissement du vocabulaire. Depuis 1950, les enrichissements considérables apportés par des créateurs tels que Béjart, Neumeier ou Forsythe amènent à parler désormais de danse classique contemporaine : si la technique académique demeure l'élément de base de leur travail, ils n'hésitent pas à puiser dans d'autres techniques chorégraphiques pour élaborer leur propre langage gestuel.

Expressionnisme et modern dance.

Au début du XXe s., Isadora Duncan est la première à s'engager dans une voie autre que celle de la tradition académique. En Europe et aux États-Unis, de jeunes danseurs-chorégraphes, se référant aux théories émises par Delsarte, Jaques-Dalcroze et Laban, se lancent à leur tour dans des analyses poussées du mouvement. Pour eux, la danse a l'ambition d'être liée à la vie personnelle du danseur et de se faire l'expression d'une expérience intérieure. Cette conception, qui considère la danse comme une façon de se révéler à soi-même et de s'épanouir, admet tout geste pourvu qu'il soit sincère. Il appartient en fait à chaque danseur de créer un vocabulaire chorégraphique qui lui soit personnel, d'où la profusion des techniques. Parties à la recherche de leur individualité, M. Wigman, M. Graham et D. Humphrey ont construit une technique qui repose sur la maîtrise de la respiration et sur les notions respectives de flux-reflux, contraction-détente, chute-rétablissement. Si certaines techniques se sont imposées (celle de M. Graham notamm.), les différents courants de la danse d'aujourd'hui favorisent à la fois une gestuelle électrisée et un culte de l'énergie qui s'appuie volontiers sur les musiques et l'imaginaire de l'espace urbain.