Pologne, en polon. Polska (nom féminin)

État de l'Europe centrale, sur la Baltique ; 313 000 km2 ; 37 970 874 habitants (Polonais). CAPITALE Varsovie. LANGUE : polonais. MONNAIE : złoty.

GÉOGRAPHIE

Les conditions naturelles. Le pays a un climat continental avec le maximum des pluies en été. Les températures extrêmes oscillent entre + 39 °C et − 36 °C, mais des nuances existent entre l'ouest et l'est, où l'hiver est plus long et plus froid. L'été, les températures augmentent de la Baltique vers l'intérieur. Les paysages sont le plus souvent plats et l'altitude est inférieure à 200 m. La côte, basse, est échancrée par les deltas de l'Oder et de la Vistule. En arrière s'étendent des collines et des plaines (Mazovie-Podlasie, Grande Pologne). Puis, plus au sud, des plateaux (Petite Pologne, Lublin) forment le piémont de la frange montagneuse qui occupe le sud du pays.

La population et l'économie. La population, ethniquement homogène et en majorité catholique, a commencé à décroître en raison du recul de la natalité et du départ à l'étranger de nombreux travailleurs. Elle est urbanisée pour les deux tiers, les deux plus grandes agglomérations étant Varsovie et Katowice, devant Cracovie et Łódź.

Devenue socialiste, la Pologne avait collectivisé son économie et mis en place une planification centralisée, tout en maintenant la propriété privée dans le domaine agricole (pour 75 % des terres cultivées). Aujourd'hui, la production agricole demeure notable, associant cultures (blé, betterave à sucre, pomme de terre) et élevage (bovin et surtout porcin). Le sous-sol fournit du cuivre, du soufre, du sel gemme, du lignite et surtout du charbon, base d'une importante industrie sidérurgique et métallurgique, notamment en haute Silésie. Mais la plupart des installations sont anciennes et leur vétusté est la cause de pollutions préoccupantes. Actuellement, les services emploient 58 % de la population active, le tourisme y occupant une place croissante. En dépit du retard pris dans la restructuration de certains secteurs, le passage à l'économie de marché (engagé dans les années 1990) a permis l'obtention de résultats macroéconomiques positifs.

HISTOIRE

Au cours des migrations des Ve-VIe s., des tribus slaves s'établissent entre l'Oder et l'Elbe. L'ethnie polonaise se forme parmi les Slaves établis dans les bassins de l'Oder et de la Vistule entre le VIIe et le Xe s.

Les Piast. La dynastie des Piast est fondée v. 960 par le duc Mieszko Ier.

966. Baptême du duc Mieszko Ier et entrée de la Pologne dans la chrétienté romaine.

1025. Boleslas Ier le Vaillant est couronné roi.

À partir du XIIe s., les Germains mettent à profit le morcellement du pays, l'anarchie politique et sociale pour reprendre leur poussée vers le nord et l'est. Les chevaliers Teutoniques occupent le littoral de la Baltique : ils conquièrent la Prusse (1230-1283) puis s'emparent de la Poméranie orientale (1308-1309).

1333-1370. Casimir III le Grand lance l'expansion vers l'est (Galicie) et fonde l'université de Cracovie.

Les Jagellons et la république nobiliaire
1385-1386. Union personnelle entre la Lituanie et la Pologne : Jogaila, grand-duc de Lituanie, devient roi de Pologne sous le nom de Ladislas II et fonde la dynastie des Jagellons.

1410. Il remporte sur les chevaliers Teutoniques la victoire de Grunwald.

Les règnes de Sigismond Ier le Vieux (1506-1548) et de Sigismond II Auguste (1548-1572) voient l'apogée de la Pologne, marqué par la diffusion de l'humanisme, la tolérance religieuse et l'essor économique.

1569. L'Union de Lublin assure la fusion de la Pologne et de la Lituanie en une « république » gouvernée par une Diète unique et un souverain élu en commun.

Après la mort de Sigismond II (1572), dernier des Jagellons, la noblesse impose un contrôle rigoureux de l'autorité royale.

1587-1632. Sigismond III Vasa mène des guerres ruineuses contre la Russie, les Ottomans et la Suède.

1648. Révolte des Cosaques de la vallée du Dniepr.

1667. La Pologne doit céder à la Russie la rive gauche du Dniepr (Ukraine orientale).

Les années 1648-1667 sont appelées le « déluge » (potop). La Pologne en sort ruinée.

1674-1696. Règne de Jean III Sobieski, qui repousse les Turcs devant Vienne (1683).

Après son règne, l'anarchie se développe ; les puissances étrangères (France, Russie, Suède) interviennent dans les affaires intérieures du pays et se battent pour imposer leur candidat au trône de Pologne : l'Électeur de Saxe, Auguste II (1697-1733), soutenu par la Russie, Stanislas Ier Leszczyński (1704-1709, 1733-1736), appuyé par la Suède et la France, Auguste III (1733-1763).

1733-1738. Guerre de la Succession de Pologne.

Les trois partages et la domination étrangère
1772. La Russie, l'Autriche et la Prusse procèdent au premier partage de la Pologne.

1791. Adoption par la Diète de la Constitution libérale du 3 mai 1791.

1793. La Russie et la Prusse procèdent au deuxième partage de la Pologne.

1794. L'insurrection de Kościuszko est écrasée.

1795. Le troisième partage supprime le pays.

1807-1813. Napoléon crée le grand-duché de Varsovie.

1815. Le congrès de Vienne crée un royaume de Pologne réuni à l'Empire russe.

1830. L'insurrection de Varsovie est sévèrement réprimée.

1863-1864. Nouvelle insurrection, durement réprimée.

La partie prussienne et la partie russe de la Pologne sont soumises à une politique d'assimilation ; la Galicie-Ruthénie autrichienne sert de refuge à la culture polonaise. Lorsque éclate la Première Guerre mondiale, les Polonais sont enrôlés dans des armées opposées.

La Pologne indépendante
1918. Piłsudski proclame à Varsovie la République indépendante de Pologne.

1918-1920. Dantzig est érigée en ville libre, la Silésie partagée entre la Tchécoslovaquie et la Pologne.

1920-1921. À l'issue de la guerre polono-soviétique, la Pologne acquiert une partie de la Biélorussie et de l'Ukraine. Dans la Pologne ainsi restaurée, les minorités nationales (Ukrainiens, Biélorusses, Allemands, Juifs) représentent un tiers de la population.

1926-1935. Revenu à la faveur d'un coup d'État, Piłsudski exerce un pouvoir de plus en plus autoritaire.

1939. Refusant de céder Dantzig et son corridor, la Pologne est envahie par les troupes allemandes (1er sept.) ; l'Allemagne et l'URSS se partagent la Pologne, conformément au pacte germano-soviétique.

1940. Le gouvernement en exil, dirigé par Sikorski, s'établit à Londres, tandis que s'organise la résistance de l'AK (Armia Krajowa : armée de l'intérieur). Massacre de 4 500 officiers polonais sur ordre de Staline à Katyń.

1943. Anéantissement du ghetto de Varsovie.

1944. Un comité de libération, soutenu par Staline, se forme à Lublin.

1945. Le comité de Lublin s'établit à Varsovie et s'élargit en un gouvernement d'union nationale reconnu par les Alliés. Les frontières du pays sont fixées à Yalta et à Potsdam. L'organisation du pays s'accompagne de transferts massifs de population (les Polonais des régions annexées par l'URSS sont dirigés sur les territoires enlevés à l'Allemagne).

1948. Gomułka, partisan d'une voie polonaise vers le socialisme, est écarté.

1953-1956. La lutte de l'État contre l'Église catholique culmine avec l'internement du cardinal Wyszyński.

1956. Après les émeutes ouvrières de Poznań, le parti fait appel à Gomułka pour éviter un soulèvement anticommuniste et antisoviétique.

À partir de 1970, Gierek, qui a remplacé Gomułka, veut remédier aux problèmes de la société polonaise en modernisant l'économie avec l'aide de l'Occident. L'élection de Karol Wojtyła à la papauté sous le nom de Jean-Paul II (1978) encourage les aspirations des Polonais à la liberté intellectuelle et politique.

1980. Le syndicat Solidarité (Solidarność) est créé avec à sa tête L. Wałęsa.

1981. Le général Jaruzelski instaure la loi martiale. Les dirigeants de Solidarité sont arrêtés.

1989. Des négociations entre le pouvoir et l'opposition aboutissent au rétablissement du pluralisme syndical et à la démocratisation des institutions. Tadeusz Mazowiecki, un des dirigeants de Solidarność, devient chef d'un gouvernement de coalition. Le rôle dirigeant du parti est aboli.

1990. L. Wałęsa est élu président de la République.

1991. À l'issue des premières élections législatives libres, une trentaine de partis sont représentés à l'Assemblée (Diète). Jan Olszewski (1991-1992) et Hanna Suchocka (1992-1993) se succèdent à la tête du gouvernement.

1992. Les unités russes de combat achèvent leur retrait.

1993. La Diète est dissoute. Les élections sont remportées par les ex-communistes et le parti paysan (Premiers ministres : Waldemar Pawlak, 1993-1995 ; Józef Oleksy, 1995-1996 ; Wlodzimierz Cimoszewicz, 1996-1997).

1995. Le social-démocrate (ex-communiste) Aleksander Kwasniewski est élu à la présidence de la République (réélu en 2000).

1997. Une nouvelle Constitution est adoptée. Les élections consacrent le retour au pouvoir des partis issus de Solidarność. Jerzy Buzek devient Premier ministre.

1999. La Pologne est intégrée dans l'OTAN.

2001. Le pays connaît une nouvelle alternance politique, après la large victoire de la coalition de gauche aux élections législatives. Leszek Miller dirige le gouvernement.

2004. La Pologne adhère à l'Union européenne. Marek Belka est nommé Premier ministre.

2005. Les formations de droite (catholiques conservateurs et libéraux) remportent les élections législatives. Kazimierz Marcinkiewicz – du parti Droit et Justice (PiS), dirigé par Jarosław Kaczyński – forme un gouvernement minoritaire. Lech Kaczyński (frère jumeau de Jarosław) est élu à la présidence de la République.

2006. J. Kaczyński devient Premier ministre et gouverne avec l'appui de l'extrême droite.

2007. Après le succès des libéraux (Plateforme civique) aux élections législatives, leur leader, Donald Tusk, forme un gouvernement de coalition avec le parti paysan.

2010. Le président L. Kaczyński meurt dans un accident d'avion. Bronisław Komorowski lui succède.

2011. La coalition au pouvoir est réélue.

Depuis 2015. Ayant remporté une large victoire, le PiS, à travers un gouvernement dirigé par Beata Szydło, puis, à partir de 2017, par Mateusz Morawiecki, engage une politique conservatrice et nationaliste contestée par une partie de la population et par l'Union européenne.