LES CAS

Définition et fonction

En latin, la terminaison d’un nom ou adjectif change selon sa fonction grammaticale. Les cas correspondent à ces différentes fonctions.

Le latin comporte six cas : le nominatif, le vocatif, l’accusatif, le génitif, le datif et l’ablatif. Un septième cas, indiquant le lieu où l’on est, se trouve dans certaines expressions : c’est le locatif.

▶ Le nominatif est le cas du sujet, de l’attribut du sujet, de l’apposition au sujet et de l’épithète se rapportant aux mots employés dans ces fonctions :

C. Heius est Mamertinus omnibus rebus illa in civitate ornatissimus ; C. Heius est en tout le Mamertin le plus riche de la ville.

▶ Le vocatif est employé pour l’apostrophe (quand on s’adresse à quelqu’un) :

Quid enim postulas, Verres ?
Que demandes-tu, en effet, Verres ?

▶ L’accusatif est le cas du complément d’objet direct (C.O.D.) ; on le trouve également après certaines prépositions :

Amicum enim nostrum in judicium vocabas ; c’est en effet notre ami que tu appelais en justice.

▶ Le génitif est utilisé pour le complément du nom :

Tua te altera patria, Messana, circumvenit, tuorum adjutrix scelerum, libidinum testis, praedarum ac furtorum receptrix !
C’est ta seconde patrie, Messine, qui te traque, auxiliaire de tes crimes, témoin de tes désirs, receleuse de tes pillages et de tes larcins !

▶ Le datif sert à exprimer le complément d’objet second (ou d’attribution) : il se trouve également après des verbes ou adjectifs exprimant l’idée que l’on donne ou que l’on enlève quelque chose à quelqu’un, que l’on est favorable ou hostile à quelqu’un.

Tibi habe Canephoros, deorum simulacra restitue ! Garde pour toi les Canéphores, mais restitue les statues des dieux !
Qui honos non homini solum habetur, sed primum populo Romano ; cet honneur n’est pas rendu seulement à un homme, mais d’abord au peuple romain.

▶ L’ablatif correspond à nos compléments circonstanciels ; il peut être employé seul (C. de moyen, de cause, de manière, par ex.) ou avec diverses prépositions
(C. de lieu, par ex.) :

In aperto loco signa duo sunt ; dans un lieu découvert se trouvent deux statues.
Erant aenea signa eximia venustate, virginali habitu atque vestitu ; il y avait des statues de bronze d’une grâce exceptionnelle, avec une forme et un vêtement de jeune fille.

▶ Le locatif est une survivance de l’indoeuropéen, langue très ancienne dont dérivent les langues européennes, en particulier le latin et le grec. Il indique le lieu où l’on est, mais ne peut être employé qu’au singulier, et seulement dans certaines déclinaisons :

Melitae multae divitiae erant ; il y avait beaucoup de richesses à Malte.

L’intérêt de l’emploi des cas

▶ La fonction des mots est très lisible grâce aux désinences que chaque cas confère aux mots.

▶ L’ordre des mots est beaucoup moins rigide qu’en français, puisque le verbe se mettra généralement à la fin de la phrase et les compléments pourront très souvent précéder le sujet.

▶ La phrase sera souvent plus dense qu’en français : cela est très net quand on compare la longueur d’un texte français avec la longueur de sa traduction.

▶ La conjonction de ces différents facteurs fait de la phrase latine une phrase très différente de la phrase française malgré la ressemblance qui tient à la parenté des mots latins et français.

Remarques

▶ Il y a trois genres en latin : le masculin, le féminin et le neutre. Ce dernier est beaucoup plus développé qu’en français, où il n’existe plus qu’à l’état de survivance (cela, rien, quoi...).

▶ Il n’a pas d’articles en latin, et le traducteur doit choisir entre article défini ou indéfini.