symbolisme [sɛ̃bɔlism]

nom masculin

  1. Système de symboles destinés à interpréter des faits ou à exprimer des croyances : Symbolisme scientifique, religieux.
  2. Système de signes écrits dont l'agencement répond à des règles, et qui traduit visuellement la formalisation d'un raisonnement.
  3. Mouvement littéraire et artistique né à la fin du XIXe s., qui réagit contre le réalisme naturaliste et le formalisme parnassien, et qui, s'attachant au mystère et à l'essence spirituelle des choses et des êtres, cherche à donner des « équivalents plastiques » de la nature et de la pensée littéraire.
LITTÉRATURE

L'exclamation de Verlaine : « Symbolisme ? Connais pas ! Ce doit être un mot allemand ! » et la boutade de Valéry : « Le symbolisme est l'ensemble des gens qui ont cru que le mot symbole avait un sens » disent assez combien la définition de ce mouvement est introuvable. Mouvement de rupture, de révolte même, mouvement moderne s'il en fut, entre autres pour son culte exclusif de la littérature, le symbolisme ne se comprend que dans le contexte français des années 1880, c'est-à-dire de la décennie qui suivit la défaite de 1870 et l'éclair de la Commune. Face au positivisme triomphant, au naturalisme englué dans la « réalité » qu'il prétendait reproduire, contre le Parnasse même et son amour jaloux de la forme rigide, des poètes (Verlaine et Mallarmé, mais Laforgue aussi, Ghil, Moréas, Merrill), des dramaturges (Maeterlinck), des musiciens (Debussy, Fauré, Ravel) proclament les droits de l'idéalisme et du mysticisme, cherchent dans le rêve et le surpassement de la réalité de quoi assouvir leur faim de mystère et esquissent les contours d'un art de l'inquiétude et de la suggestion.

Le symbolisme, qui n'atteindra le grand public que par le théâtre, notamment celui de Maeterlinck, devient international avec les poètes belges (Rodenbach, Verhaeren), irlandais (Oscar Wilde), allemands (Stefan George), russes (Balmont), espagnols (R. Darío), hongrois (Endre Ady) et danois (Georg Brandes). À la mort de Mallarmé (1898), le symbolisme voit son énergie décroître. Mais son influence se fera sentir sur toutes les recherches artistiques du XXe s.

BEAUX-ARTS

L'inquiétude que beaucoup ressentent à la fin du XIXe s. devant les conséquences de la civilisation industrielle, le symbolisme tente de la formuler par un idéalisme qui retrouve certaines aspirations essentielles du romantisme (notamm. allemand et anglais). Sa quête de l'indicible et de l'invisible, sa prédilection pour le rêve et les fantasmes se mêlent au goût, déjà affirmé par les préraphaélites anglais, pour une histoire mythique et légendaire.

La primauté proclamée de l'idée sur la forme explique la variété stylistique des peintres symbolistes. Ainsi, la fidélité académique, posée en principe par Puvis de Chavannes, domine, avec ce que l'exactitude peut dégager de mystère, l'art du Belge Fernand Khnopff ou du Français Lucien Lévy-Dhurmer, tandis que, dans un courant teinté de fantastique dont la poésie doit beaucoup à Gustave Moreau, on peut regrouper Odilon Redon, le Suisse Arnold Böcklin, l'Allemand Max Klinger, mais aussi des peintres comme Giovanni Segantini, attirés par la technique néo-impressionniste.

Plus novateur du point de vue stylistique, un autre courant puise dans le synthétisme de Gauguin et des nabis (ainsi le Néerlandais Johan Thorn-Prikker) et manifeste d'évidentes convergences avec l'Art nouveau (le Néerlandais Jan Toorop, le Britannique Beardsley, l'Autrichien Klimt).

Mais les aspects les plus intéressants du symbolisme sont peut-être à chercher aux frontières de l'expressionnisme, où se tiennent le Belge Léon Spilliaert comme le Norvégien E. Munch, ainsi que dans les préfigurations du surréalisme que recèlent les dessins et les gravures de l'Italien Alberto Martini, les toiles du Belge William Degouve de Nuncques. Ainsi apparaissent dans leur diversité, l'esprit et la sensibilité qui vont rejaillir dans le futurisme, le surréalisme et même l'abstraction.