nom féminin
(lat. rhetorica, du gr. rhêtorikê, de rhêtôr, orateur)
adjectif
Qui relève de la rhétorique : Procédé, style rhétorique.
Un art de convaincre.
L'art oratoire est d'abord judiciaire. Dans les cités grecques de l'Antiquité, le logographe peut rédiger la plaidoirie, mais chaque partie au procès se défend elle-même de vive voix, sans l'entremise d'un avocat. Il semble donc important de savoir comment transmettre, comment enseigner l'art de persuader un auditoire.
Avec les sophistes, la rhétorique devient plus littéraire. Pour Protagoras, la rhétorique est liée à la polémique, l'art de se persuader les uns les autres, puisque dans une démocratie, on n'impose pas, on argumente et on persuade, et que ceux qui ont rang de citoyen doivent savoir délibérer. Il faut donc savoir comment composer un discours, en disposer les parties, de l'exorde à la péroraison. Mais Platon discrédite durablement la rhétorique des sophistes, art de plaire en flattant les passions, et non art philosophique visant le Vrai, le Juste et le Beau.
Aristote reste le meilleur théoricien de la rhétorique. C'est, pour lui, un art de persuader qui s'appuie sur le vraisemblable, mais aussi une connaissance, élément nécessaire d'une culture générale de l'élève. Il étudie notamment les types d'arguments à utiliser pour convaincre, les lieux communs, les figures du langage à maîtriser, les passions à savoir mettre en jeu chez l'auditeur.
Une matière scolaire.
Au Moyen Âge, où la pensée est très largement influencée par les écrits d'Aristote, la rhétorique est une discipline pédagogique à part entière : elle fait partie des arts libéraux. Dans l'enseignement du xviie siècle, chez les jésuites notamment, l'adolescent, nourri d'exemples classiques, apprend à produire lui-même un texte, par exemple l'éloge d'un personnage historique ou mythique, ou des plaidoiries fictives pour et contre une cause imaginaire.
Vers un regard critique.
Dans la mesure où l'agencement des mots, le rythme et la construction ne sont jamais gratuits mais choisis à dessein (cf. figures de style), on a tendance aujourd'hui à considérer que tout discours visant à persuader, donc à plaire, instruire, émouvoir, est de la rhétorique : narration littéraire, publicité, voire propagande politique... Dans la mesure où elle stimulerait l'esprit critique, la rhétorique permettrait de résister à la manipulation. Déceler les procédés dans le discours d'autrui serait donc gage de liberté.