nom féminin
(lat. religio, vénération, de relegere, recueillir, rassembler)
Le fait religieux.
La religion, dans son sens moderne, consiste dans la relation de l'homme avec le sacré ou, de façon plus concrète, dans les rapports entre les humains et l'être transcendant qu'est Dieu. En réalité, le latin religio, auquel correspond ce mot, n'avait, d'après Cicéron, que la signification d'attachement « scrupuleux » aux rites cultuels, mais des auteurs chrétiens, depuis Lactance et Tertullien, l'ont fait dériver de religare (« relier »), ce qui s'harmoniserait avec le sens actuel des relations que l'homme religieux entretient avec la divinité. Il faut cependant remarquer que le mot « religion » ne convient guère qu'à des civilisations – surtout occidentales – qui peuvent désigner par un vocable spécial un appareil de croyances et de rites plus ou moins clairement distinct des autres institutions sociales. Les sociétés archaïques ou traditionnelles, quant à elles, sont si profondément imprégnées par le surnaturel qu'elles n'ont justement pas à isoler celui-ci de l'ensemble du social, lequel étant, chez elles, religieux intrinsèquement et dans sa totalité.
La science des religions.
L'étude scientifique des phénomènes religieux, qui s'est constituée au prix d'une rupture avec la théologie, ne connaît qu'une pluralité des religions et non l'essence de « la religion ». Dans sa phase évolutionniste, notamment chez Edward Burnett Tylor (1832 - 1917), elle soutenait que la forme la plus primitive de celle-ci était l'animisme, qui, par le stade intermédiaire du polythéisme, devait aboutir au monothéisme. À cette méthode s'est substituée celle d'historiens comme Friedrich Max Müller, Rudolf Otto, Gerardus Van der Leeuw et Mircea Eliade, qui, par l'étude comparée des rites, des thèmes et des mythes des différentes religions, ont cherché à mettre en lumière la permanence et l'unité fondamentale d'une dialectique du sacré que ne rompt pas la grande diversité de ses expressions. L'anthropologie et la sociologie religieuses d'aujourd'hui se réclament, elles aussi, de la méthode comparatiste. Elles se montrent cependant de plus en plus convaincues de l'indétermination du champ proprement religieux, non seulement dans les sociétés traditionnelles (où le social fonctionne comme du religieux), mais aussi dans le monde postmoderne, où la religion, fortement sécularisée, a souvent tendance à fonctionner comme du culturel.