nom féminin
(lat. musica, du gr. mousikê [tekhnê], art des Muses)
Papier à musique, papier sur lequel sont imprimées des portées, pour écrire la musique.
De la musique de l'Antiquité, il ne reste que des témoignages indirects ou des écrits théoriques. Vers l'an 600, le pape Grégoire le Grand codifie la liturgie romaine, donnant naissance au chant grégorien. Les documents sont rares avant le XIe s., période où naît l'art aristocratique des troubadours, puis des trouvères.
La polyphonie.
L'événement décisif pour la musique occidentale est l'avènement de la polyphonie, principalement vers 1200 avec l'école de Notre-Dame (Léonin, Pérotin). La polyphonie atteint un nouveau sommet au XIVe s. avec l'Ars Nova, personnifié par Guillaume de Machaut. Un précurseur anglais, John Dunstable, assure la transition vers l'école franco-flamande à la polyphonie plus douce et plus harmonieuse (Dufay, Ockeghem, Josquin Des Prés). Les grands genres sont la messe, le motet et la chanson. La polyphonie vocale tend à se passer des instruments, qui deviennent autonomes.
Le XVIe s. voit un recul du sacré et l'apogée de la chanson française (Janequin). Des écoles importantes se développent en Espagne (Vittoria) et en Angleterre (Byrd). En Allemagne, la musique est transformée par un élément primordial, la Réforme, et l'Italie, où naît le madrigal, attire de plus en plus les musiciens du Nord, tandis qu'apparaît un génie universel : Roland de Lassus.
Le baroque.
Le passage à l'ère baroque, vers l'an 1600, est marqué par Claudio Monteverdi. La polyphonie fait place à la monodie (chant à une seule voix) accompagnée et au style harmonique ; la musique devient dramatique, expression des paroles et des sentiments individuels, et on voit naître un genre nouveau : l'opéra. Le XVIIe s., celui du style concertant, est dominé en Allemagne par Heinrich Schütz, en Angleterre par Henry Purcell. Les formes purement instrumentales prennent leur essor, comme la suite de danses (Froberger), ainsi que, d'abord en Italie, la sonate et le concerto (Corelli, puis Vivaldi). L'opéra s'implante en France avec Lully, dont le grand rival est Marc Antoine Charpentier, et l'école versaillaise (sous Louis XIV et au début du règne de Louis XV) est illustrée notamment par M. R. Delalande et par François Couperin. En Allemagne, le grand prédécesseur de Bach est Buxtehude, en particulier par sa musique d'orgue et par ses cantates. Pendant la première moitié du XVIIIe s., Bach, Rameau, Händel et D. Scarlatti dominent la scène musicale européenne. À ces noms, on peut encore ajouter en Allemagne celui de G. P. Telemann, et en France celui de J.-M. Leclair.
Le classicisme.
Vers 1750, la musique se transforme de nouveau profondément. Elle change de lieu d'implantation, passant de l'église et des cours royales et princières aux salles de concerts publics et aux salons bourgeois. Au nom de la simplicité et du retour à la nature, on met l'accent (provisoirement) sur la mélodie plutôt que sur l'harmonie ou la polyphonie. Les précurseurs du style nouveau sont les fils de Bach, ou encore les musiciens de l'école de Mannheim (Stamitz), et les grands maîtres, Haydn, Mozart et Beethoven. Ils bouleversent (Mozart surtout) les genres relativement anciens du concerto et de l'opéra et donnent leurs lettres de noblesse (Haydn et Beethoven) aux genres nouveaux du quatuor à cordes et de la symphonie. Ils font de la musique instrumentale au moins l'égale de la musique vocale et explorent à fond les possibilités dramatiques et architecturales du système tonal ; c'est ainsi que Vienne devient, pour un temps, la capitale de la musique européenne. Leurs productions, contemporaines de la Révolution française, doivent beaucoup à la « réforme de l'opéra » menée par Gluck. Haydn, Mozart et Beethoven illustrent ce qu'on a appelé le « classicisme viennois ».
Le romantisme et les écoles nationales.
Les premiers grands compositeurs romantiques sont Weber et Schubert. L'un crée l'opéra national allemand, l'autre porte le lied à son sommet. Mendelssohn et Schumann (« école de Leipzig ») cultivent notamment les genres instrumentaux traditionnels (mais Schumann, féru de littérature, excelle aussi dans le lied tout en renouvelant la musique pour piano seul). Berlioz, Liszt et Wagner (« école de Weimar ») se comportent au contraire en révolutionnaires. Le XIXe s. est aussi celui de la renaissance des écoles « nationales », en Bohême (Smetana, Dvořák), en Norvège (Grieg), en Russie (groupe des Cinq, Tchaïkovski), tandis que la France renouvelle aussi bien l'opéra (Gounod, Bizet) que la musique instrumentale (Franck, Saint-Saëns, Lalo, Chausson) et que, en Italie, Verdi occupe une position unique. Dans les pays germaniques, Brahms poursuit la tradition classique et Bruckner se consacre surtout à la symphonie. À la génération suivante, Mahler (lieder avec orchestre, symphonies) et Hugo Wolf (lieder avec piano) reflètent la Vienne « fin de siècle », alors que Richard Strauss se consacre surtout au poème symphonique puis à l'opéra.
La fin de la tonalité.
Les révolutions musicales du début du XXe s. sont menées avant 1914 à Vienne par Schönberg et ses disciples Berg et Webern, et à Paris par Debussy et Stravinski. Au même moment apparaît, influencée cette fois par Debussy, une « seconde vague nationaliste » à portée plus universelle que la première, en Espagne (Falla), en Angleterre (Vaughan Williams), en Finlande (Sibelius) et en Hongrie (Bartók). Les uns et les autres portent au tombeau la tonalité. Varèse est un des premiers à construire la musique non plus sur des notes, mais sur des sons. L'entre-deux-guerres voit la confirmation de Ravel et l'apparition de Prokofiev, de Hindemith, du groupe des Six, de Messiaen. La période 1945-1950 donne naissance à un groupe de jeunes radicaux (« école de Darmstadt ») se réclamant de Stravinski et Schönberg, et de Debussy et Webern. Ce sont Boulez, Stockhausen, Nono, Berio. C'est l'époque du « sérialisme intégral » et de la musique entièrement prédéterminée, fondée sur une combinatoire de notes. Leurs héritiers sont Ferneyhough et, dans des genres divers, Cage, Xenakis, Ligeti. Parallèlement apparaissent la musique aléatoire, la musique concrète (Pierre Henry) et électronique, réunies aujourd'hui sous la dénomination commune de « musique électroacoustique ». Par la suite se manifeste aussi la musique « spectrale » d'un Radulescu ou des musiciens de l'Itinéraire (Grisey, Murail) et la machine 4X de l'IRCAM.