jansénisme [ʒɑ̃senism]

nom masculin

(de Jansénius)

Doctrine de Jansénius et de ses disciples ; mouvement religieux animé par ses partisans.

Le jansénisme est un mouvement religieux qui se développe au xviie s. et se prolonge au xviiie s. Il remonte aux débats théologiques du XVIe s. concernant la grâce divine et se développe autour des thèses de Jansénius (1585-1638). Deux écoles sont en présence : celle des disciples de saint Augustin, qui privilégie l'initiative divine face à la liberté humaine, et celle, représentée par les jésuites et spécialement Molina (1535-1601), qui accorde un plus grand pouvoir à la liberté en matière de mérite. D'âpres controverses se développent à partir de l'université de Louvain, où l'augustinisme a pour défenseur Jansénius, qui, dans son Augustinus (1640), en fournit une somme argumentée. Cet ouvrage trouve en France de fervents défenseurs, principalement les messieurs et les religieuses de Port-Royal, l'abbé de Saint-Cyran et la famille Arnauld. Le pape Innocent X intervient en 1653 pour condamner « cinq propositions » qu'un professeur de la Sorbonne a prétendu trouver dans l'Augustinus. Arnauld riposte en montrant que celles-ci sont hérétiques, et qu'elles ne figurent pas dans l'ouvrage incriminé. Pascal prend parti à son tour contre les molinistes dans ses fameuses Provinciales (1656). Mais la situation des jansénistes s'aggrave, tant à Rome, où la condamnation est réitérée, qu'à Paris, où Louis XIV s'en prend à l'abbaye de Port-Royal, qui, après une trêve dite « paix de l'Église » (1669-1679), sera finalement détruite. Un second jansénisme, plus ouvertement politique et parlementaire, apparaîtra plus tard en France (avec Pasquier Quesnel) et en Italie. Un dernier coup sera porté à ce mouvement d'austérité et d'antiabsolutisme par la bulle Unigenitus (1713) de Clément XI.