génocide [ʒenɔsid] 

nom masculin

(du gr. genos, race, et de -cide)

Extermination systématique d'un groupe humain, national, ethnique ou religieux.

Naissance du terme.

C'est au cours de la Seconde Guerre mondiale que naît le mot « génocide », forgé en 1944 par le juriste polonais Raphael Lemkin (1900-1959) pour caractériser « la pratique de l'extermination de nations et de groupes ethniques ». En 1948, l'ONU adopte, grâce aux efforts de Lemkin, la convention sur le génocide, qui, entrée en vigueur en 1951, érige le génocide en crime.

Applications.

Rétrospectivement, le terme « génocide » a été employé pour qualifier le massacre des Arméniens par les Turcs en 1915-1916, lorsque le gouvernement turc décida de déporter toute la population arménienne du pays en Syrie et en Iraq. Plus d'un million et demi d'Arméniens perdirent la vie.

Le terme a été également appliqué aux massacres perpétrés au Cambodge par la dictature meurtrière des Khmers rouges dans les années 1974 à 1979 (entre 250 000 et 3,5 millions de morts).

Plus récemment, l'ONU a retenu la qualification de génocide pour inculper les auteurs des crimes commis dans l'ex-Yougoslavie (en particulier, la purification ethnique pratiquée en Bosnie) à partir de 1991, et lors de la guerre civile de 1994 au Rwanda qui fit plus de 800 000 victimes en majorité tutsi.

Le génocide de 1939-1945.

Durant la Seconde Guerre mondiale, si le IIIe Reich a voulu d'abord et avant tout anéantir les Juifs, ces derniers ne furent pas ses seules victimes. Aux persécutions des opposants politiques au régime nazi s'ajoutèrent celles des minorités ethniques considérées par les nazis comme « racialement inférieures » comme les Tsiganes (environ 250 000 d'entre eux furent assassinés, soit le tiers de la population tsigane vivant en Europe en 1939) et les Slaves (Polonais, Serbes et prisonniers de guerre soviétiques). Les nazis assassinèrent également des homosexuels, des malades mentaux ou des personnes physiquement handicapées, qu'ils considéraient comme des « sous-hommes » (Untermenschen).

La Shoah.

Néanmoins, les Juifs ont été, de loin, les principales victimes de la politique nazie d'extermination, et c'est pourquoi on utilise fréquemment, à côté du mot « génocide », les termes « Holocauste » ou « Shoah », ce dernier mot signifiant « anéantissement » en hébreu. En 1939, Göring ordonne l'émigration des Juifs hors d'Allemagne ; après avoir envahi la Pologne, les Juifs de ce pays sont regroupés dans des ghettos ou des camps de concentration* où ils sont soumis au travail forcé. Lors de l'invasion de l'Union soviétique en 1941, 750 000 Juifs sont fusillés par les nazis. Cette méthode, trop lente et fastidieuse, pousse Hitler, Göring et Himmler, à envisager la « solution finale », c'est-à-dire la liquidation systématique de la population juive d'Europe. À cette fin, au cours de la même année, des camps d'extermination sont créés en Pologne (Chełmno, Treblinka). À partir de 1942, cette extermination devient massive : dans les camps, une véritable industrie de la mort (chambres à gaz) fonctionne jour et nuit jusqu'en 1944. Sans doute ne connaîtra-t-on jamais le nombre des victimes avec une précision absolue, mais 6 millions de Juifs furent ainsi assassinés, soit les deux tiers des Juifs vivant en Europe en 1939.