cinéma [sinema] 

nom masculin

(abrév. de cinématographe)

  1. Art de composer et de réaliser des films cinématographiques : La technique du cinéma fut mise au point par les frères Lumière en 1895.
  2. Industrie cinématographique : Travailler dans le cinéma. Les professions du cinéma.
  3. L'ensemble des œuvres cinématographiques (d'un pays, d'un auteur, etc.) : Rétrospective du cinéma français, italien.
  4. Salle de spectacle destinée à la projection de films (abrév. familier ciné) :Il y a deux cinémas dans mon quartier. Il va souvent au cinéma.
  5. FAMILIER

    C'est du cinéma, ce n'est pas sincère, c'est de la comédie.

    Faire du cinéma, tout un cinéma, faire des manières, des complications.

Évolution technique du cinéma.

Le Cinématographe, mis au point par les frères Lumière en 1895, a été le premier appareil à assurer de façon satisfaisante les deux fonctions du cinéma : la prise de vues et la projection. Il est le fruit de longues recherches touchant à la stroboscopie, à la photographie et à la projection des images animées, effectuées notamment par Plateau, Horner, Niépce, Daguerre, Muybridge, Marey, Reynaud et Edison. Dès 1909, on adopte pour la diffusion des films le format Edison (35 mm de largeur, perforations standardisées).

Lors de la prise de vues, sauf cas particuliers des films d'animation, le cinéma décompose le mouvement en une série de photographies instantanées, prises à raison de 24 images/seconde dans le cinéma sonore et de 16 images/seconde dans le muet. D'autres cadences peuvent être utilisées pour produire, par exemple, des effets de ralenti ou d'accéléré.

La plupart des techniques cinématographiques ont été inventées au début du cinéma, mais leur utilisation et leur commercialisation ne se sont faites que tardivement : la couleur apparaît avec le Kinemacolor (1911), mais n'est effective qu'avec le Technicolor trichrome en 1934. Le premier film parlant apparaît en 1927 (The Jazz Singer). Le cinéma est alors bouleversé. Le truquage naît en 1933 avec King Kong. Puis le CinémaScope (écran large) apparaît en 1953, le format panoramique en 1955 dans le cadre de la lutte contre la télévision. Cette raison fera aussi abandonner le noir et blanc entre 1955 et 1965.

Histoire du cinéma.

La première projection publique du cinématographe a lieu le 28 décembre 1895. Grâce à des poètes magiciens comme Méliès, le passage du documentaire à la fiction, voire à la science-fiction, est rapide, tout comme l'évolution économique de ce nouvel art, qui sous l'impulsion des Américains s'industrialise (trusts, grandes maisons de production, création d'Hollywood). À partir des années 1910-1920, le cinéma se développe avec les premiers grands créateurs : Gance, Sjöström, Dreyer, Lubitsch, Pabst, Eisenstein, Vertov, Dovjenko. Les premières écoles apparaissent, dont l'expressionnisme allemand, avec Murnau et Lang, qui exprime la psychologie des personnages par le symbolisme des formes et par la stylisation des décors et des lumières. Aux États-Unis, Griffith codifie le langage de l'image dans Naissance d'une nation (1915) et Intolérance (1916), tandis que Mack Sennett invente le cinéma burlesque avec Charlie Chaplin, Buster Keaton et Harold Lloyd. Le star-system est tout-puissant dès 1918 et Hollywood devient la capitale du cinéma, attirant de grands cinéastes étrangers tels que Stroheim et Sternberg.

Avec le cinéma parlant, et malgré la crise, le cinéma américain assure sa suprématie. La comédie musicale part à la conquête des écrans, le cinéma chante et danse avec Fred Astaire. La comédie légère (ou comédie américaine) s'impose avec Capra, tout comme le film noir (gangsters ou policiers) avec Hawks, le film de guerre, le western, qui, avec Ford, gagne ses lettres de noblesse, et la superproduction avec Cecil B. De Mille ou Fleming (Autant en emporte le vent, 1939). Des réalisateurs comme Walsh, Cukor, Wyler, Vidor entament des carrières prolifiques, tandis que brillent au fronton des salles les noms des grandes vedettes (Greta Garbo, Marlene Dietrich, Mae West, Bette Davis, Gary Cooper, Cary Grant, Humphrey Bogart). En Europe, la France (Clair, Carné, Vigo, Renoir, Pagnol, Guitry) occupe avec l'URSS une position privilégiée. Dans le même temps, le dessin animé se popularise avec Disney, et Welles révolutionne la technique de narration et de montage de ce qu'on appelle désormais « le septième art », notamment dans Citizen Kane (1941). La Seconde Guerre mondiale consolide la position dominante du cinéma américain dans le monde. Pourtant, Hollywood est bientôt secoué par une crise morale et politique (le « maccarthysme », de 1947 à 1952, période pendant laquelle sont dénoncés et écartés les cinéastes soupçonnés de convictions procommunistes) et par une crise économique grave. Sur le plan artistique, les metteurs en scène les plus en vue sont toujours Ford et Hawks, mais également Huston, Ray, Wilder, Donen, Minnelli, Mankiewicz, Hitchcock, Kazan.

Dans l'après-guerre, le cinéma échappe au monopole américain. L'Italie découvre le néoréalisme (Rossellini, Visconti, De Sica), école qui privilégie les décors naturels et le recours à des acteurs non professionnels. La France n'a pas d'écoles mais des individualités (Clouzot, Clément, Tati, Becker, Ophuls, Bresson), comme la Grande-Bretagne (Lean et Reed).

Les années 1955-1970 consacrent plusieurs réalisateurs : des Italiens (Antonioni, Fellini, Visconti toujours), l'Espagnol Buñuel, le Suédois Bergman, les Japonais Mizoguchi, Ozu et Kurosawa, l'Indien Satyajit Ray, les Français Godard, Resnais, Rohmer, Truffaut, Chabrol, chefs de file de la « nouvelle vague » (mouvement qui instaure un nouveau ton, plus libre, une technique légère pour des films à petits budgets et qui a ouvert la voie à toute une génération de cinéastes), enfin les Américains Losey et Kubrick. Le cinéma, œil ouvert sur le monde (il est dans divers lieux une arme idéologique, politique et sociale), s'ouvre à toutes les tendances esthétiques, notamment au Brésil, en Pologne (Wajda), en Hongrie (Jancsó). Le cinéma, en se diversifiant (du film à petit budget à la superproduction remplie d'effets spéciaux), cherche à freiner la crise de fréquentation amorcée dans les années 1960.

Les dernières décennies voient l'apparition ou la confirmation de multiples talents : Fassbinder, Wenders, Allen, Altman, Coppola, Scorsese, Spielberg, Saura, Sautet, Tavernier, Bertolucci, Ferreri, Scola, les frères Taviani, Oshima, Tanner, Denys Arcand, Kusturica, Zhang Yimou, Tarantino, Kiarostami, les frères Dardenne, les frères Coen, Moretti, Haneke, etc. À la fois aidé et concurrencé par la multiplication des circuits de diffusion d'images (télévisions, Internet), le cinéma traverse à présent une violente crise économique et artistique qui fragilise les réseaux indépendants et contraint toujours à de nouvelles stratégies les producteurs de blockbusters (films à gros budget).

Institutions, festivals, prix.

La Cinémathèque française a été fondée en 1936 par Langlois, Franju et Harlé. Subventionnée par l'État, elle réunit des services de conservation, de projection et le musée du Cinéma.

Les ciné-clubs (créés sous l'impulsion de Louis Delluc dans les années 1920) se donnent pour rôle de défendre les films inédits et le répertoire international de qualité en marge des circuits commerciaux.

Il existe de très nombreux festivals nationaux et internationaux, généraux ou spécialisés. Les plus importants sont : Cannes ; créé en 1946, il est organisé chaque année en mai et décerne la palme d'or ; Venise ; créé en 1932, il a lieu fin août-début septembre et décerne le lion d'or ; Berlin ; créé en 1951, il se déroule en février-mars et décerne l'ours d'or.

Divers prix récompensent chaque année les gens de cinéma. Parmi les plus importants figurent les Oscars d'Hollywood, les césars et le prix Louis-Delluc en France.