antisémitisme [ɑ̃tisemitism] 

nom masculin

Doctrine ou attitude d'hostilité systématique à l'égard des Juifs.

L'antijudaïsme traditionnel.

Dans l'Antiquité païenne, l'hostilité à l'égard des Juifs est suscitée par leur fidélité au Dieu unique, Yahvé, et au message de la Bible. Les premiers chrétiens, encore confondus avec les Juifs, subissent les effets de la même intolérance. Mais, quand le christianisme devient religion officielle de l'Empire romain, les Juifs sont peu à peu considérés comme constituant le peuple « déicide », celui qui porte la responsabilité de la mort de Jésus-Christ. D'où des mesures de plus en plus rigoureuses pour les exclure de la société chrétienne. Cette ségrégation, rendue sensible par la multiplication des ghettos, favorise l'éclosion et le développement de fausses accusations : profanations d'hosties, crimes rituels, empoisonnement des sources...

Bien que l'antijudaïsme n'ait pas fait l'unanimité dans la chrétienté, il faut attendre la diffusion de la philosophie des Lumières au XVIIIe s. pour voir se normaliser quelque peu la condition des Juifs dans les pays européens. Les Juifs français n'obtiennent la citoyenneté pleine et entière qu'en 1791.

L'antisémitisme moderne.

La forme moderne de l'antisémitisme, mot créé en 1879 par l'Allemand Wilhelm Marr, résulte des anciens préjugés religieux (les Juifs, peuple déicide) et économiques (les Juifs, banquiers et usuriers) et du racisme nationaliste qui se développe au XIXe s. Dans le contexte du partage du monde entre les puissances coloniales se font jour des théories sur l'inégalité des races humaines et des idéologies nationalistes. La fin du XIXe s. connaît une exacerbation de l'antisémitisme en France (affaire Dreyfus), en Allemagne, en Autriche et dans l'Empire russe (pogroms). Après la défaite des puissances centrales en 1918 et lors de la crise économique des années 1930, les Juifs sont traités en boucs émissaires, responsables des malheurs du temps. Le national-socialisme va jusqu'à organiser à partir de 1941-1942 l'extermination des Juifs d'Europe [v. génocide]. Si, après la Seconde Guerre mondiale et la création de l'État d'Israël, l'antisémitisme paraît considérablement s'atténuer, il réapparaît cependant sous diverses formes dans le monde contemporain, notamment sous l'influence de l'islamisme radical.